Situation actuelle des migrants À NOUADHIBOU (Mauritanie)

La République Islamique de Mauritanie couvre une superficie de 1.030.700 km, le pays est limité au Nord par le Sahara occidental et l’Algérie, à l’Est et au Sud-est par le Mali, au Sud par le Sénégal et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. Nouadhibou est une ville cosmopolite d’environ 300.000 habitants ; située au Cap Blanc, elle est caractérisée par la diversité de son paysage et sa position géographique au Nord-Ouest du pays, à proximité des Îles Canaries. Elle est la capitale économique du pays ; en effet la ville regorge d’immenses ressources halieutiques et elle abrite le port minéralier de la SNIM pour l’export du fer de Zouerate, principale ressource du pays.

La problématique de l’immigration connaît depuis quelques temps des fortes mutations dans la sous région, le phénomène est accéléré à cause de la crise sanitaire du Covid-19 ( fermeture des frontières, il y a des familles qui vivent de part et d’autre des frontières, des besoins de mains d’œuvre), les crises politiques régionales des dernières années, le chômage des jeunes et la gestion désastreuse des indépendances et d’une économie qui ne profite qu’aux oligarques, le cas du Sénégal, de la Guinée, du Mali et de la Côté d’Ivoire par exemple, ont occasionné une reprise des flux migratoires de ressortissants venant de pays limitrophes, en particulier le Mali, le Sénégal, la Gambie, la Guinée et la Côte d’Ivoire, pour gagner l’Europe, leur destination finale, en passant par la ville de Nouadhibou qui est à proximité des Iles Canaries et du Maroc.

L’enquête sur l’immigration illégale réalisée au milieu de l’année 2020, dans les 2 villes de Nouakchott et Nouadhibou, indique qu’en ces trois derniers mois, près de 2000 migrants subsahariens clandestins ont été arrêtés au port Artisanal à Nouadhibou alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, de manière illégale, en traversant l’Afrique de l’Ouest, par l’Océan atlantique afin de rejoindre les îles Canaries. C’est actuellement l’un des itinéraires privilégiés par des dizaines de milliers de migrants au milieu de l’année 2020. Par la mer, des sortes de pirogues taxis collectent les migrants dans les ports au départ du golf de Guinée, Port de Mbour, de Saint Louis, de Nouakchott et de Nouadhibou.  Ces migrants africains qui tentent de gagner l’Europe en ces trois derniers mois, vivent à Nouadhibou actuellement dans des conditions déplorables et ne peuvent manger à leur faim et se laver que tous les trois ou quatre jours. Et une dizaine ont été testés positif au Covid-19.

Ils quittent l’Afrique non seulement pour des raisons économiques, mais aussi en raison d’absence de foi dans l’avenir . Plus de 60 migrants africains originaire de la Gambie étaient morts noyés au large de la côte Atlantique à Nouadhibou en Mauritanie en décembre 2019.

Le 07 Août 2020, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et une source sécuritaire mauritanienne, nous ont informé d’un nouveau naufrage au large de l’Afrique de l’Ouest entre Nouadhibou, en Mauritanie, et Dakhla, au Sahara occidental avec approximativement une trentaine de migrants noyés et un seul a survécu, un guinéen. Ce dernier a été ramené à Nouadhibou, à la suite de l’opération de sauvetage menée par les garde-côtes mauritaniens. Une assistance sanitaire, alimentaire et hygiénique d’urgence lui ont été fournie par la Caritas Paroissiale Nouadhibou grâce à l’appui financier du RES, le Réseau des entrepreneurs solidaires. Alors qu’une aide psychologique lui a été fournie par l’OIM et le HCR. Il y a environ 2 mois que, nous avons appris  à Nouadhibou, l’arrestation dans le désert saharien de 25 jeunes migrants africains Maliens et Sénégalais qui ont tenté d’entrer clandestinement au Maroc en passant par la frontière Nouadhibou-Dakhlat, l’un des itinéraires privilégiés, emprunté par des dizaines de milliers de migrants pour gagner l’Europe, espérant trouver une meilleure vie. Une assistance d’urgence ( aide alimentaire, sanitaire et hygiénique) a été fournie à ces 25 jeunes migrants clandestins. Ainsi, la Caritas Paroissiale Nouadhibou se donne comme objectif de sensibiliser les migrants sur les risques des traversées périlleuses et de renforcer les efforts pour éviter de telles tragédies, mais les trafiquants continuent de mentir à leurs clients.

Malgré la fermeture des frontières, les migrants sont toujours obligés d’entreprendre des voyages dangereux.  Plusieurs naufrages se sont succédé au large des côtes sénégalaise et mauritanienne vers l’Espagne au mois d’Octobre 2020.  Ainsi, le 23 Octobre, une pirogue a chaviré au large du Sénégal, provoquant la disparition de 140 personnes sur les 200 à bord. Le 26 Octobre, la croix rouge française a fait une intervention de 161 migrants au large de la ville de Chami, entre Nouakchott et Nouadhibou, ces migrants ont bénéficié d’une assistance alimentaire et médicale d’urgence.

Le 28 Octobre 2020, la croix rouge française a fait une intervention de 121 migrants dont la majorité a été conduit à l’hôpital de base de Nouadhibou pour des soins médicaux d’urgence. Le 29 Octobre, la Croix rouge a fait une intervention de 27 migrants dont 12 cas référés à l’hôpital des spécialistes de Nouadhibou, et 7 cas à l’hôpital de Base de Nouadhibou. Le 30 Octobre 2020, la croix rouge française a fait une intervention de 66 migrants dont 2 cas de décès et 5 personnes testées positives au Covid-19.

Enfin, le 06 Novembre, la croix rouge française a secouru 120 personnes au large de Nouadhibou, tous ont été référés à l’hôpital de base de Nouadhibou pour des soins médicaux.  Nous avons encore appris, le 10 Novembre 2020, la disparition de 119 personnes migrantes en mer au large de l’Afrique de l’Ouest entre le Sénégal et la Mauritanie. Une pirogue aurait quitté le Sénégal et se dirigeait vers les côtes de la Mauritanie, avant de connaître des problèmes de moteur. Les personnes à bord se sont retrouvées bloquées en mer et ont commencé à souffrir d’une déshydratation extrême. Les passagers étaient pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, notamment des Sénégalais, Maliens et Guinéens. La Caritas Nouadhibou est profondément attristée par la mort tragique des ces jeunes migrants. Le 16 Novembre 2020, une source sécuritaire mauritanienne à Nouadhibou a enregistré des tentatives de départ de 212 migrants sur les côtes mauritaniennes.

Nous constatons que, malgré les restrictions de mobilité qui sont imposées du fait de la pandémie du Covid-19, l’émigration clandestine par la mer a repris ces dernières semaines. Les migrants sont toujours obligés d’entreprendre des traversées périlleuses par voies terrestres axes Nouadhibou-Dakhla ou par voie maritime, port de Nouadhibou, deux lieux de départ pour l’Europe .

Dans le cadre de son engagement pour les migrants, réfugiés et mauritaniens vulnérables depuis que les activités au port de Nouadhibou se sont arrêtées à cause de la pandémie du Covid-19 et,  à cause de départ des jeunes migrants clandestins vers l’Europe, la Caritas Paroissiale Nouadhibou a mis en place un mécanisme de protection sociale au profit des migrants et réfugiés, de sensibilisation contre l’immigration clandestine,  prévention contre le Covid-19, fournir les aides alimentaires, hygiéniques et sanitaires d’urgence et d’empêcher la propagation du coronavirus au sein de leur communauté respective à Nouadhibou.

La Caritas Paroissiale Nouadhibou lance un vibrant appel à toutes personnes de bonne volonté, afin de porter bien plus d’attention aux populations migrantes affectées par la crise sanitaire et sociale du Covid-19.

 Puisse le Seigneur nous rendre la vue, pour redécouvrir ce que signifie être membres de la famille humaine” (Pape François)

Fait à Nouadhibou, le 28 Novembre 2020
CARITAS PAROISSIALE NOUADHIBOU

Père Florian Pachel MBABE